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MILIEUX AQUATIQUES

Des senneurs au ras de la côte landaise

Certains ont remarqué ces 3 navires à la silhouette imposante qui depuis début janvier flirtent avec la bande littorale landaise, souvent à moins d’un mile.

Même sans jumelles, ils opèrent si près qu’il est facile de suivre le déploiement et la récupération de la senne avec un treuil. Les déplacements sont très rapides et manifestement les trois navires pêchent de concert.

Basés à Saint Jean de Luz, on les voit arriver du sud dans l’après midi. Ils pêchent jusqu’en première partie de nuit avant de revenir au port. Il s’agit de War Raog III et IV et de Jimorhan, respectivement de 19, 17 et 17 mètres et de 294, 360 et 315 kW, immatriculés à CONCARNEAU.

Rappelons que la pêche à la senne des petits poissons pélagiques dont il s’agit probablement ici (code PS_SPF) fait partie des quelques pêcheries officiellement impliquées par le CIEM dans la mortalité accidentelle de dauphin, à côté des chaluts en paire, des chaluts pélagiques à panneaux, et des filets fixes, maillants ou tramails.

Le CIEM a exploré une quinzaine de scénarios repérés par une lettre de l’alphabet et en a retenu 13 compatibles avec une mortalité théorique maximale de 4 927 dauphins communs qui respecterait la survie de l’espèce à long terme.

Rappelons que la mortalité actuelle est plus du double de ce chiffre (11 300 dauphins rien que de janvier à avril 2019).

Le scénario privilégié par l’État qui consisterait seulement à équiper les chaluts en paire de dispositifs dissuasifs acoustiques (ou pingers) n’a pas été retenu par le CIEM (scénario K) car, même à supposer les équipements parfaits et la compliance excellente, la mortalité serait encore trop forte. Selon le CIEM, les pingers ne peuvent être qu’une partie de la solution qui doit obligatoirement inclure une fermeture hivernale. Pour une fermeture trop courte de 2 à 4 semaines (scénarios J, E et I), le risque d’échec est élevé parce que la fermeture ne coïndera pas forcément avec le pic des échouages qui varie d’année en année. Le risque diminue avec l’augmentation de la fermeture vers 6-8 semaines et ne devient faible qu’avec 4 mois de fermeture.

Seule une fermeture cumulée de 4 mois (décembre à mars ou janvier à mars + mi juillet à mi août) serait capable de diminuer la mortalité entre 400 et 900 dauphins, selon qu’elle est associée ou non aux pingers (scénarios A, M, N et O).

Dans un monde raisonnable qui appliquerait le principe de précaution et l’article 12 de la directive Habitats, on ne devrait donc plus voir ces images de senneurs à cette époque de l’année.


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