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MILIEUX AQUATIQUES

Projet pêche Effarouchement Silure glane St Laurent des Eaux

Protocole en faveur de la circulation des poissons migrateurs par la mise en place de pêches d’effarouchement de l’espèce silure glane aux abords des passes à poisson

SOMMAIRE :

Résumé

Depuis 2020, des pêches « expérimentales » officielles prétendent soulager les populations de migrateurs qui seraient sous la pression des grands silures, alors que le caractère significatif de cette pression n’a jamais été établi. Relayées par une presse manipulée, ces pêches sont surtout un moyen efficace de détourner l’attention du grand public des vrais problèmes, par exemple celui des captures très significatives et méconnues de saumons et d’aloses prétendues « accidentelles », dues aux dizaines de milliers de kilomètres quotidiens de « filets droits » et autres « filets pêchent-tout » qui fourmillent dans le corridor migratoire des amphihalins le long de toutes nos côtes.

Mais l’objet de ce document est ailleurs.Ici, il est question de proposer une alternative viable à ces pêches expérimentales qui ne sont ni efficaces ni inoffensives. Ces pêches restent incapables de démontrer la moindre influence positive sur la montaison des migrateurs malgré leur coût public (800 € par silure extrait de la Dordogne en 2020). L’extraction massive de grands silures pourrait bien perturber l’équilibre établi, affaiblir les services écosystémiques qu’ils rendent à la rivière ou bien doper leur population. Par contre, filets, verveux et palangres qui s’accumulent à

l’endroit même où les poissons migrateurs cherchent un passage vers l’amont sont capables de tous les perturber, et même d’en capturer certains. Ce risque de perturbation est totalement ignoré. De plus, DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES a démontré que les taux de contamination des grands silures en mercure et PCB atteignent des taux respectivement deux à sept fois le plafond légal dans la partie antérieure et dix à vingt fois le plafond légal dans la partie postérieure : ces poissons sont totalement impropres à la consommation, ce qui rend illégal la commercialisation qu’autorise l’administration.

Des pêcheurs experts proposent donc des méthodes d’effarouchement très efficaces qui épargnent les gros silures et ne créent aucun problème sanitaire, et sans effet dissuasif sur les poissons migrateurs dont il s’agit de favoriser le franchissement des obstacles. Elles sont aussi beaucoup moins coûteuses pour le contribuable et c’est bien la seule raison pour laquelle elles seront rejetées par ces pêcheurs professionnels qui ont réussi à se faire subventionner pour pêcher des poissons qu’ils vont ensuite vendre pour leur propre compte.

Il est plus que temps de mettre en œuvre des politiques publiques basées sur les meilleures connaissances objectives et au seul service de l’intérêt général.

I. Introduction

Il convient de situer le contexte dans lequel l’idée des pêches d’effarouchement a vu le jour, avant d’aborder les raisons qui poussent à envisager ce mode opératoire concernant les interactions poissons migrateurs-silures à l’aval des barrages. Il est important de rappeler que des pêches de destruction fortement controversées et localisées pour le moment au pied des ouvrages sont en cours depuis 2019. Les résultats de ces pêches « expérimentales » publiés à ce jour sont très médiocres et mettent en œuvre des moyens financiers et humains importants ainsi que des pièges (filets, cordeaux, verveux) potentiellement mortels pour les autres espèces. Aucune connaissance solide n’existe quant à l’impact que ces pêches pourraient avoir elles-mêmes sur les espèces migratrices qu’elles prétendent protéger. Enfin, le risque de consommation du silure glane, espèce fortement bio-accumulatrice , est réel vis-à-vis des polychlorobiphényles (PCB) et du mercure contenu dans ses tissus.

Comment citer : « Protocole en faveur de la circulation des poissons migrateurs par la mise en place de pêches d’effarouchement de l’espèce silure glane aux abords des passes à poisson, DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES, version décembre 2021, 21 pages. Charly Dally »

1. Problématiques des pêches de régulation

Plusieurs problématiques graves sont soulevées par ces modes de pêches. Le caractère significatif d’une prédation du silure qui mettrait en péril les grands migrateurs n’est toujours pas prouvé. De plus, en ce qui concerne les aloses et les lamproies, il n’est pas prouvé non plus que les quelques individus avalés par les centaines de silures capturés ne se soient pas déjà reproduits, ce qui serait bien la seule circonstance éventuellement dommageable pour l’avenir de ces espèces. Ce point pourtant à la portée des analyses stomacales déjà réalisées n’a toujours pas été éclairci et reste une lacune fondamentale.

On peut aussi douter des capacités des pêches de « régulation » sur le long terme à cause de l’auto- régulation de l’espèce Silurus Glanis dont les gros individus au comportement opportuniste et cannibale sont la clé, eux qui migrent chaque année au pied des ouvrages où ils sont prélevés par ces pêches. Ces rassemblements aux abords des structures hydroélectriques que l’on observe aussi pour d’autres espèces piscicoles, ne sont pas forcément motivés par un comportement alimentaire, mais certainement liés à des exigences respiratoires notamment durant les épisodes estivales où on assiste à des regroupements importants, les taux d’oxygène dissous dans l’eau étant dangereusement bas en dehors de ces zones. Ce phénomène d’appauvrissement en oxygène facteur d’hypoxie létale pour de nombreuses espèces, est amplifié par des débits réduits par les pompages, les rejets liés à l’agriculture intensive, le réchauffement climatique et d’autres facteurs humains.

Les dispositifs piégeant agissent également en défaveur des poissons migrateurs, en rajoutant un stress et un obstacle supplémentaire aux abords des passes qui ne sont pas négligeables, sans oublier le risque assumé de capture dont l’issue dans les engins est souvent fatale pour les espèces déjà affaiblies par la migration

Autre point important, la valorisation des silures capturés pose de réelles questions sanitaires et éthiques.

À ce jour, aucune étude sérieuse n’a été menée sur la toxicité de ces poissons fortement bio accumulateurs qui ont pour destination la restauration des collectivités publiques. Le rapport de l’ANSES du 22 juillet 2015 se borne à dire que dans des secteurs géographiques où la contamination moyenne serait inférieure à 250 ng/g, la consommation de poisson à raison de deux repas par semaine pourrait être considérée comme possible. Ce rapport se base sur des données de terrain pas assez solides, quantitativement mais aussi qualitativement puisqu’elles ne concernent en général que des petits poissons. Par exemple, selon ce rapport de l’ANSES, le bassin versant de la Dordogne serait situé dans une zone sans préoccupation sanitaire. Au sens ou les contaminations sont supposées être inférieures au taux de 250 ng/g. Pourtant, des analyses toxicologiques financées par l’association et réalisées par un laboratoire national certifié sur trois individus prélevés en aval de Bergerac révèlent des taux 20 fois supérieurs aux normes européennes pour les PCB dans la partie postérieure du poisson et jusqu’à 7 fois supérieurs pour le mercure dans la partie antérieure. Ces poissons sont clairement impropres à la consommation humaine (ci-dessous tableaux contamination silure dordogne).

Tous ces éléments amènent à penser qu’il conviendrait de trouver des méthodes non létales pour les gros individus, moins coûteuses pour le contribuable et écologiquement durables sur le long terme.

2. Les pêches d’effarouchements

Les pêches d’effarouchement peuvent répondre à toutes ces problématiques. Elles ont été pensées suite à plus d’un demi-siècle de retours d’expériences de la part des communautés de pêcheurs récréatifs traquant ce poisson dans l’hexagone et en Europe, notamment sur le seuil 6 de la centrale nucléaire de Golfech.

En effet, les constats visuels et par sonar sont sans appel : la capture de plusieurs individus générant du stress sur une zone de regroupement de poissons déclenche la fuite de l’ensemble du groupe pour plusieurs heures. Ce phénomène est amplifié par la fréquence des captures à tel point que l’on assiste parfois à des ruées aux « spots à silure » tôt le matin pour « avoir sa chance de capturer un poisson ».

Les pêcheurs récréatifs le savent, l’apprentissage fulgurant de ce poisson joue en défaveur du pêcheur et cette capacité d’apprentissage doit être mise à profit pour résoudre la problématique supposée avec les poissons migrateurs.

Avec des leurres d’au moins 16 cm de long, les pêches d’effarouchement mettent en œuvre des moyens efficaces peu coûteux, rigoureusement sélectifs et non piégeant pour les autres espèces (pas de captures non désirées). Elles ne génèrent pas de stress pour les migrateurs, sont non létales pour les silures et donc sans impact sur leur précieuse capacité d’auto régulation.

3. Les pêches d’effarouchement déjà en expérimentation

Les pêches d’effarouchement sont en réalité déjà à l’étude sur l’ensemble du territoire Français notamment sur des zones comme le barrage du seuil 6 de la centrale nucléaire de Golfech où les silures présents ont déjà complètement intégré le procédé dans leur comportement. Il faudrait maintenant évaluer ces effarouchements dans un cadre scientifique expérimental et légal, dans des zones similaires sensibles, classées réserves notamment avec un groupe de pêcheurs récréatifs spécialisés « silure » et ce durant les périodes de migration.

4. Objectifs et mise en œuvre du protocole

Il convient de déterminer les sites où les pêches d’effarouchement pourraient être expérimentées ainsi que les moyens, financements et délais nécessaires pour en mesurer l’efficacité.

Les objectifs de ces pêches d’effarouchement seront :

  1. Réduire significativement la densité locales des silures présents sur le site sensible durant les périodes de migration avec des procédés non létaux ;

  2. Améliorer les connaissances sur le silure et ses interactions afin de développer des procédés d’effarouchement humains et automatisés sélectifs ;

  3. Développer une alternative pérenne aux pêches régulatrices qui réponde aux problématiques financières, écologiques et éthiques en partenariat avec les organismes compétents.

Afin d’assurer une pression d’effarouchement suffisamment efficace sur la population de silure, la présente étude devrait se dérouler sur une durée de 3 ans durant les mois sensibles correspondant aux pics de passages des poissons migrateurs.

Les sites sensibles retenus sont :

Tous ces sites présentent des ouvrages transversaux qui barrent artificiellement le cours d’eau créant un obstacle à la migration avec d’étroits couloirs de passage (passe à poissons) constituant une zone stratégique pour le silure glane.

Dans le cadre de l’élaboration des pêches d’effarouchement, le site le plus propice d’un point de vue expérimental par son emplacement géographique et son cheptel piscicole est celui du barrage de la centrale nucléaire de Saint Laurent des eaux où de fortes concentrations de silures sont observées chaque année sur la partie aval aux abords de la passe à poissons lors de la montaison et de la dévalaison des mulets

II. Protocole pêche d’effarouchement Saint Laurent des eaux : II-

1. Les maîtres d’ouvrage

. DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES

L’association DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES est une structure reconnue ayant pour vocation exclusive la défense de la biodiversité aquatique maritime et dulçaquicole française. Elle s’illustre depuis plusieurs années auprès des instances et sur le terrain pour la préservation des espèces amphihalines telles que le saumon, l’alose , la lamproie et l’anguille. Elle possède également dans son équipe plusieurs guides et membres spécialisés dans l’espèce silurus glanis qui ont vu évoluer depuis plusieurs décennies ce poisson dans l’hexagone. C’est fort de leur concours et de leurs connaissances que ces pêches d’effarouchement verront le jour et pourront être menées à bien.

. LOGRAMI

LOGRAMI est une structure de référence pour l’axe Loire dont objectif est la restauration des populations de poissons migrateurs. Ses missions principales de collecte de données concernent le suivi des migrations et l’évaluation des habitats. Elles sont utiles dans le contexte de ce protocole.

.DREAL Centre Val de Loire

La Direction Régionale de l’Environnement de l’aménagement et du Logement Centre Val de Loire dans le cadre de ses missions est chargée de mettre en œuvre les politiques de l’état en matière d’environnement. Dans le cadre des pêches d’effarouchement, elle portera le projet et en assurera le traitement administratif sur le site de Saint Laurent des Eaux. Elle fera appel aux membres spécialisés silures de DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES, pour mettre en place les pêches d’effarouchement sur le site.

.ARB

L’Agence Régionale de la Biodiversité Centre Val de Loire est un établissement qui fédère 22 structures en région, elle possède une branche scientifique référente sur le silure.

2. Les partenaires

.L’OFB

L’Office Français de la Biodiversité Val de Loire dans le cadre de ses missions de protection de l’environnement apportera son concours par le biais d’agents territoriaux sur le terrain qui encadreront les pêches d’effarouchement et assureront le contrôle de la mise en œuvre du protocole sur le site.

.EDF

Le site EDF de la centrale nucléaire de Saint Laurent des Eaux fournira l’accès et informera sur les mesures en cours sur la gestion des débits sur l’ouvrage hydroélectrique.

3. Le COPIL

La présente étude sera encadrée et suivie par le comité de pilotage (COPIL) qui pourrait être le suivant :

Des comités de pilotage plus restreints pourront être amenés à se réunir au cours de l’expérimentation. Chaque porteur se chargera de réunir le COPIL.

III. Protocole général pour la mise en place de l’effarouchement III-

1. Période de l’étude

Pour la bonne réalisation de l’étude, nous préconisons un déroulement sur la période du 15 mars au 15 mai environ et la période du 15 septembre au 15 octobre. Ces périodes calendaires pourront être ajustées en fonction des données débitmétriques, de la température de l’eau et des comptages de migrateurs et des mulets par Logrami afin de débuter l’effort d’effarouchement au moment opportun. La fin de la campagne de printemps correspondra, en fonction de la température de l’eau, au début de la reproduction du silure qui cesse alors complètement de s’alimenter. La période automnale correspond à la dévalaison des mulets, ce qui permet aussi de valider l’efficacité des effarouchements. L’objectif est d’éloigner le maximum de silures présents sur le site et de mettre en place le matériel de mesure et de marquage préalablement dans le but de favoriser par la suite la suite circulation au moment de la reproduction.

2. Techniques d’effarouchement utilisées

a) Pêche au leurre

Les leurres utilisés seront armés d’un hameçon simple à ardillon, de type tête plombée de grammage ajustable fort de fer en taille 10/0 à 12/0, présentant un leurre souple tout venant d’une taille supérieure à 16 cm (forte sélectivité sur le silure). Certains seront munis de dispositifs bruiteurs. Les ondes sonores émises par ces dispositifs seront pré-enregistrés dans les émetteurs acoustiques.

Une liste budgétisée comprenant l’ensemble du matériel approprié pour réaliser les pêches durant l’étude est présentée plus bas (cannes, moulinets, petit matériel…). Les opérateurs des effarouchements pourront également utiliser leur matériel personnel après validation par le COPIL.

Des bateaux légers de type zodiac semi rigide avec motorisation thermique et électrique type I pilot seront utilisés afin de se déplacer facilement sur le site à la typologie peu profonde et d’effectuer les différentes actions (marquages, poses des dispositifs acoustiques, comptages sonar par balayage livescope..) avec l’équipe d’encadrement.

Les bateaux seront équipés de la dernière génération de sondeur à balayage à 360° en temps réel type panoptix livescope, ainsi que des émetteurs d’ondes basses fréquence prototypes créés par DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES pour tester différents stimuli d’effarouchement dans le cadre de l’étude.

b) Effarouchement par dispositifs acoustiques

Plusieurs bouées munies de dispositifs acoustiques subaquatiques reproduisant le son des bruiteurs des leurres et aussi des moteurs thermiques seront disposées sur les zones stratégiques d’attroupement des silures (amont, aval) afin de mesurer l’efficacité de méthodes automatisées d’effarouchement, et d’améliorer les connaissances sur le comportement et les réactions du silure.

3. Organisation générale des pêches

Sur le site, les effarouchements seront réalisés tous les jours et à des intervalles horaires précis. Ces périodes seront ajustées en fonction de l’efficacité des pêches, avec pour référence initiale : 2 heures le matin, 1 heure en milieu de journée et 2 heures le soir.

Elles débuteront au lever du jour et s’achèveront 30 minutes avant le coucher du soleil pour les opérations diurnes afin de constater l’effarouchement visuellement et par sonar panoptix livescope (visualisation subaquatique des individus en temps réel).

De gauche à droite : Captures d’écran de silures réalisées sur sondeur technologie livescope

Les périodes nocturnes d’effarouchement quant à elles seront moins fréquentes, elles seront également ajustées aux résultats sur le site. Elles débuteront du coucher du soleil jusqu’à 2h du matin avec toujours une périodicité de 2h/1h/2h. Ces effarouchements s’effectueront à l’aide de projecteurs frontaux multidirectionnels permettant la navigation et les comptages visuels des silures par eau claire ou « par marsouinage » en cas de montée d’eau.

La fréquence des effarouchements évoluera de journalière, bihebdomadaire à hebdomadaire en fonction des résultats sur les secteurs sensibles de migration.

Le groupe d’opérateurs réalisant l’effarouchement sera composé de 2 pêcheurs spécialisés dans la pêche et la manipulation des siluridés. Les opérateurs auront des tenues vestimentaires spécifiques (écussons, code couleur) afin d’être reconnaissables à distance par le personnel de la centrale, les autorités de contrôle et les autres usagers du site. Des fiches terrains seront réalisées lors de chaque intervention afin de noter les données de capture collectées et de suivre le cheptel de silures qui seront marqués à l’aide de dispositif de tatouage au bleu alcian (Dermojet : seringue à air comprimé sans aiguille). Ces derniers coderont pour l’identification, la taille et le sexe de chaque individu. Verderoux, Guerri, « Etude silure Dordogne-Synthèse des 4 premières années », Epidor 2016, 32p.

Des marques de type spaghettis seront implantées sur les petits silures de moins de 130 cm dans un soucis pratique.

Dans la mesure du possible, un technicien accompagnera les opérateurs durant les opérations afin d’enregistrer les données terrain d’effarouchement et épauler lors des marquages et prélèvements stomacaux.

En cas de capture non recherchée c’est-à-dire autre que silurus glanis, le poisson sera immédiatement relâché par l’opérateur. En cas très improbable de capture d’une espèce migratrice sensible, le COPIL sera immédiatement averti. Celui-ci évaluera l’impact de ces captures éventuelles au regard de l’impact positif des effarouchements.

4. Données scientifiques

a. Collecte des données

Un technicien accompagnera, dans la mesure du possible les opérateurs pour collecter les données de l’opération qui permettront d’estimer l’efficacité et l’impact des pêches d’effarouchement et d’améliorer les connaissances sur le silure glane sur le site de Saint Laurent des Eaux.

De gauche à droite : Marquage dermojet au bleu alcian et marquage spaghetti

D’autres données complémentaires pourront être collectées lors des prélèvements sur certains individus permettant de dresser une analyse toxicologique (masse individuelle, composition corporelle) et dresser un profil génétique des populations afin d’améliorer les connaissances sur les silures présents sur le bassin.

En parallèle il sera intéressant d’effectuer des observations sur les branchies des individus de grande taille afin de déterminer s’il existe un parasitage par la grande mulette Margaritifera auricularius classée en danger critique d’extinction afin d’illustrer la qualité d’hôte intermédiaire du silure au même titre que l’esturgeon européen.

Au niveau de la station de contrôle, LOGRAMI enregistrera en continu les données débimétriques, la température de l’eau, le nombre de passages des silures et des poissons migrateurs qui seront exploitées lors de l’analyse des résultats d’effarouchement pour déterminer les conditions d’efficacité optimale en rapport avec les objectifs de l’étude.

D’autres données (densité des larves de lamproies dans les sédiments, densité des nids de lamproies, nombre de bulls d’aloses) collectées par LOGRAMI renseigneront de l’abondance des poissons migrateurs.

Prélèvements stomacaux sur silures permettant l’identification selon l’état de digestion du contenu

b. Indicateurs analysés

Afin d’évaluer l’efficacité des pêches d’effarouchement en fonction des différents objectifs, plusieurs indicateurs seront suivis.

Évolution du nombre de silures effarouchés par unité d’effort.

Il est attendu que le nombre de captures de silure par unité d’effort baisse au cours de l’effarouchement mais également d’une année sur l’autre. Cet indicateur permettra d’apprécier

l’efficacité des effarouchements ciblés lors des migrations saisonnières de silures aux abords des passes à poissons, afin de déterminer la persistance dans le temps de l’effet d’effarouchement.

Impact des pêches d’effarouchement sur le nombres silures présents sur zones sensibles par constat échographique et visuel

Il est attendu que le nombre et la taille des silures concentrés au pied de l’ouvrage et des zones sensibles diminue au cours de l’étude mais également d’une année sur l’autre. Il est attendu également que le temps de réaction d’effarouchement du groupe d’individus sur la zone diminue au cours de chaque opération car les silures réagiront de plus en plus vite. Ces indicateurs seront mesurés et enregistrés par les techniciens grâce au matériel de mesure échographique par balayage à 360° en temps réel (panoptix livescope) ainsi que le matériel de mesure subaquatique (caméras immergées, aquascopes).

Évaluation de l’état des gonades et de la quantité d’espèces migratrices sensibles dans les contenus stomacaux

La collecte des contenus stomacaux des silures durant les périodes sensibles de migrations sur plusieurs années permettra d’évaluer le caractère opportuniste et nécrophage du silure et de documenter un impact de prédation sur les espèces migratrices sensibles. L’évaluation systématique « en laboratoire » de l’état des gonades des espèces migratrices présentes dans les contenus stomacaux permettra également de déterminer si les poissons ont été ingérés avant ou après leur reproduction afin de préciser le caractère éventuellement dommageable ou non de leur prédation.

Impact des pêches d’effarouchement sur l’abondance des migrateurs

L’abondance des migrateurs est mesurée en continu par LOGRAMI à travers différents indicateurs : fréquences de passage aux stations de contrôle, comptage des nids et densités des larves, radio pistages.

La fréquence de passage des poissons migrateurs aux stations de comptage est liée principalement aux conditions environnementales, aux cycles aléatoires de migrations annuels, aux difficultés de franchissement des obstacles artificiels à la migration sur l’ensemble de l’axe Loire.

A travers ces effarouchements, il conviendra de déterminer dans la durée si la présence du silure glane peut générer un obstacle supplémentaire réel au passage des migrateurs sur le site. Cette hypothèse pourra être testée à travers le nombre de poissons migrateurs comptabilisés par LOGRAMI en amont du site, couplé à d’autres données. Ces données permettront d’évaluer l’efficacité des pêches d’effarouchement sur ce point précis.

c. Validation des résultats et synthèse

Les résultats obtenus sur le site de Saint Laurent des Eaux seront analysés et validés par un comité scientifique de l’ARB

IV. Protocole sur le site de Saint Laurent des Eaux IV-

1. Présentation de la zone

Sur le site de Saint Laurent des Eaux :

Les zones rouges représentent les parties sensibles (passe à poissons, rétrécissement) où seraient faites les observations de prédation des silures sur les poissons migrateurs.

Les zones jaunes représentent les zones de tenues où les observations de prédation des poissons migrateurs seraient plus rares mais où les silures se regroupent et y stationnent.

L’ensemble de ces données proviennent de plongées et d’observations de membres de l’association DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES ainsi que d’usagers récréatifs vivant à proximité du site.

Figure 1 : Vue rapprochée de la partie sensible du site et des zones stratégiques de positionnement

Projet pêche effarouchement Silure glane St-Laurent-des-eaux DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES IV- 15

Figure 2 : Vue large du positionnement des poissons sur le site de Saint Laurent des Eaux

2. L’effort d’effarouchement

Il devra se dérouler essentiellement sur les zones où la prédation et l’attroupement des silures est la plus importante. Les dispositifs automatisés acoustiques reproduisant les sons des bruiteurs des leurres seront placés et activés périodiquement dans les zones stratégiques de concentration (figure 3), afin d’assurer un effarouchement optimal et une fuite de l’ensemble du groupe sur les zones à l’aval du site.

Lorsque les conditions le permettront, les 2 opérateurs répartis chacun sur une embarcation effectueront les effarouchements simultanément en opérant dans la mesure du possible parallèlement l’un de l’autre.

Une^ équipe effarouchera sur la zone d’attroupement des silures (zone jaune) pendant que la seconde opèrera sur la zone de prédation (zone rouge). A la fin de chaque opération les mesures de contrôle d’effarouchement seront effectuées avec les techniciens à l’aide de l’ensemble des dispositifs installés.

Figure 3 : Positionnement des bouées d’effarouchements sur le site

3. Déroulement des captures

Chaque équipe d’opérateur sera chargée d’effectuer les manipulations, marquages et prélèvements stomacaux pour les silures capturés sur son bateau. Les silures capturés seront relâchés systématiquement sur le point le plus en aval du site localisé par la dernière bouée d’effarouchement

4. Engins utilisés

Les bouées d’effarouchement sont des prototypes non brevetés et développés par DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES. Elles ont une autonomie de fonctionnement d’environ 24h lorsqu’elles sont couplées aux caméras subaquatiques (figure 4).

Figure 4 : Schéma simplifié dispositif acoustique d’effarouchement

5. Calendrier

(^) Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Aout Septembre Octobre Novembre Décembre Dépôt des demandes d’autorisation Réalisation des effarouchements Collecte des données Analyses des données Rapport Présentation des résultats A noter : La période de réalisation des effarouchements est volontairement stoppée du 15 mai au 15 septembre car de mi-mai à mi-juillet s’étale la période de reproduction du silure glane. Pendant cette période, les individus matures sexuellement commencent à cesser de s’alimenter et à se regrouper pour le frai. Pour information un individu de 4 -5kg pour une taille d’environ 1m est apte à se reproduire. Concernant les mois de juillet /août, la haute saison de migration est passée : il n’y a donc aucun intérêt de procéder aux effarouchements.

6. Budget prévisionnel D.M.A

Ce protocole prévoit la réalisation des pêches d’effarouchement sur une période de 3 ans (par exemple 2022 - 2024). Le budget prévisionnel ci-joint à été établi pour l’année 2022. En fonction des résultats obtenus lors de cette première année, les budgets prévisionnels 2023 et 2024 seront établis selon les besoins identifiés.

Important : Le coût sur les années 2023 - 2024 sera diminué de près de 6 0% car l’achat de l’essentiel du matériel d’effarouchement sera effectué durant la première année de l’étude.

Dépenses étude

Effarouchement Coût unitaire TTC Quantité Total (€)

St Laurent des Eaux (41)

Prestation opérateurs effarouchement (salaire, hébergement..)

Achat matériel (liste budgétisée)*

Cout total

Coordination, gestion, suivi A budgétiser =

Prestations techniciens.. = =

Frais de missions = =

Gestion Administrative = =

Liste budgétisée :*

Matériel pêche effarouchement Cout unitaire TTC Quantités Total

Pneumatique 4m20 semi rigide + remorque

Sonde + module livescope

Sondeur echomap technologie panoptix

Moteur électrique 110lbs i pilot link + batteries

Moteur thermique 25cv + système d’alimentation

Matériel pêche (moulinets, cannes, leurres, lignes, tenues vestimentaires..)

Systèmes d’effarouchements (émetteurs subaquatiques spécialisés, batteries, bouées..)

Matériel marquage et systèmes d’observation (dermojet, caméras subaquatiques..)

Frais annexes (carburant, entretien, transport)

Total Budget prévisionnel estimé 21700 €

V. Présentation de DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES V-

L’association a été créée en mai 2017 dans le cadre de la loi du 1er juillet 1901 sous le nom d’ASSOCIATION DE DÉFENSE DES RESSOURCES MARINES (ADRM).

Selon l’article 2 de ses statuts, « l’association a pour vocation exclusive d’agir pour la défense, la protection et la conservation de l’intégralité du milieu aquatique naturel en général, plus particulièrement marin et de toutes les espèces dépendantes de ce milieu tels que par exemple les poissons, et tous les organismes connus ou à découvrir sans exception, y compris les mammifères marins, les reptiles, les oiseaux, mais aussi les habitats concernés. » Dans ce but, elle peut agir à plusieurs niveaux:

(1) défendre toutes les espèces et les écosystèmes dépendants du milieu aquatique et leurs habitats respectifs, sans discrimination concernant leur état de conservation ou leur statut juridique,

(2) œuvrer pour faire appliquer strictement les lois et règlements relatifs à ces situations

(3) participer à l’amélioration constante de toutes les dispositions juridiques qui bénéficient aux milieux aquatiques

(4) sensibiliser les citoyens par la publication numérique des actions et des motivations de l’association (site internet, réseaux sociaux)

Dès le départ, elle a été reconnue d’intérêt général et l’administration fiscale, interrogée dans le cadre d’un rescrit fiscal, lui a accordé le droit de défiscaliser tous les dons et les cotisations qu’elle perçoit au profit des donateurs.

1. Contacts de DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES

DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES

ex ADRM, ASSOCIATION DE DÉFENSE DES RESSOURCES MARINES

association Loi 1901 à but non lucratif, de défense de l’environnement et d’intérêt général

numéro RNA W332021802

numéro du registre de transparence de l’UE : 741860332287- 62

courriel : maigre42@gmail.com

site internet : https://www.defensedesmilieuxaquatiques.org/

page Facebook : https://www.facebook.com/maigre40/

Instagram : https://www.instagram.com/defensedesmilieuxaquatiques/

2. Autorisation et mentions légales

Ce document est la propriété de DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES : toute reproduction ou copie n’est possible qu’après autorisation explicite par écrit de l’association.

Comment citer ce document : « Protocole en faveur de la circulation des poissons migrateurs par la mise en place de pêches d’effarouchement de l’espèce silure glane aux abords des passes à poisson, DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES, version décembre 2021, 21 pages. Charly Dally »


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