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MILIEUX AQUATIQUES

Les filets remorqués ou chaluts

Le chalut de fond est un immense filet en forme d’entonnoir tracté sur les fonds marins. Il avale indistinctement tous les organismes surpris par l’avancement inexorable de sa gueule béante. Il est incapable de sélectionner ses captures qui sont massives et comprimées dans le fond du filet, écrasées au fur et à mesure par les suivantes. Tout rentre dans un chalut, y compris les espèces dont on ne veut pas et les espèces interdites ou menacées. Ensuite, on trie sur le pont et on rejette à la mer une masse considérable d’organismes variés morts pour rien ou agonisants. Les fonds marins sont labourés par les chaînes et autres lests qui plaquent le filet sur le fond et sillonnés par les deux énormes plaques métalliques de plusieurs centaines de kilos qui maintiennent l’ouverture latérale du filet. On parle à juste titre des « bulldozers » de la mer. Ils détruisent les habitats et remettent en suspension les sédiments, interrompant au passage le stockage du carbone par les fonds marins. Entre cet effet et leur voracité en carburant, leur bilan carbone est catastrophique et serait comparable à celui de l’aviation mondiale. C’est le métier le plus accidentogène de la pêche, le plus dangereux en France.

Rien n’y échappe, ni les petits cétacés ni les tortues marines, pas plus que les oiseaux marins qui heurtent fatalement les câbles tendus à l’arrière du navire ou se font entraîner par la remise à l’eau du filet.

Le bilan du chalut de fond est si mauvais que nos ancêtres avaient compris dès le moyen-âge, au temps de la voile, que ses excès devaient au moins être contrôlés. Le perpétuel rapport de force inégal entre ceux qui veulent protéger les océans et ceux qui veulent l’exploiter est transposé dans le code de l’environnement qui d’un côté interdit le chalutage dans les 3 premiers milles des côtes (article D922-16 du code rural et de la pêche maritime) et de l’autre prévoit que des dérogations peuvent être accordées sous conditions (article D922-17).

Mais en pratique, comme toujours dans nos sociétés obsédées par la croissance et l’exploitation du vivant, ce sont invariablement les exploitants qui profitent de ces règles ambiguës. DÉFENSE DES MILIEUX AQUATIQUES a mis au jour des dizaines de dérogations de chalutage côtiers, alors que IFREMER, souvent interrogé par l’administration, a toujours manifesté sa complète opposition à ces dérogations.

L’association a donc attaqué l’autorisation de chalutage à 0,3 milles des côtes girondines et celle, encore plus révoltante, accordée depuis 1983 dans les pertuis, où les chaluts peuvent même s’approcher à 50 mètres du bord pour piéger des anguilles alors que l’espèce est en danger critique d’extinction.

En Gironde, la requête a été rejetée en 1ère instance au terme d’un jugement truffé de raccourcis qui ignore manifestement à la fois les conditions restrictives de l’article D922-17 et celles des aires NATURA 2000. L’association a fait appel devant la cour d’appel de BORDEAUX.

Dans les pertuis, l’administration n’a toujours pas répondu sur le fond deux ans après l’introduction de notre recours, en plein premier confinement de la pandémie du COVID. L’affaire sera jugé en premier et dernier ressort par le Conseil d’État.