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l'anguille et les PCB

Non, ce n’est pas le titre d’une fable de La Fontaine, mais bien ce qui se trouve réellement dans nos assiettes !

Pour situer le contexte, un petit point sur le règlement en vigueur concernant les polychlorobiphényles (plus connus sous le nom de PCB). La norme européenne est de 125 ng/g de PCB-NDL maximum par gramme de chair fraîche. Cependant, ce taux est différent pour un seul poisson : l’anguille, classée à ce jour comme le poisson le plus fortement bioaccumulateur, avec un taux maximum autorisé de 300 ng/g .

Pour rappel, les PCB sont des substances cancérigènes, particulièrement pour les femmes en âge de procréer, les enfants et les adolescents. Il a également été démontré qu’une exposition à long terme à ces substances engendre divers effets nocifs sur les systèmes nerveux, immunitaire et endocrinien et altère la fonction reproductrice. Pourquoi un tel taux est-il autorisé spécifiquement pour ce poisson ? La réponse est aussi simple que choquante : en gros, il est quasi impossible de trouver des anguilles avec un taux en PCB-NDL inférieur à 125ng/g.

Pour permettre la consommation et bien sûr la commercialisation de cette espèce hautement polluée, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a émis des recommandations qui permettent de limiter les risques liés à la consommation de ce poisson, les voici :

L’ANSES recommande de ne consommer de l’anguille que de façon exceptionnelle, quel que soit le bassin versant, en raison de concentrations en PCB parfois très élevées et hétérogènes, et du pouvoir fortement bioaccumulateur de cette espèce.

« DE FACON EXCEPTIONNELLE », qu’est-ce que ça veut dire exactement : une fois par an, voire tous les 2 ans peut être ? Ce manque de précision en dit déjà long sur les risques pris lorsqu'on consomme ce poisson.

Pour se dédouaner, et surtout avertir le consommateur car, comme vous, nous nous permettons de penser que 99% de la population ne sont pas au courant de cette recommandation, l’ANSES a mis en place des mesures spécifiques de recommandation de consommation pour le cas particuliers des anguilles avec la mention «Consommer de l’anguille de façon exceptionnelle quel que soit le bassin versant».

Par cette notion de «mention», nous supposons que cela devrait être indiqué clairement dans tous les points de vente où l’anguille est disponible : poissonneries, restaurants, etc. Pourtant, à notre connaissance, personne n’a jamais vu cette mention portée à la connaissance directe du consommateur.

On se permet ouvertement de jouer de manière inadmissible avec la santé publique, par manque d’information du consommateur ! Exigeons une inscription claire de cette mention, comme c’est le cas pour les cigarettes ou bien l’alcool. Ensuite, libre pour le consommateur de faire son choix…

Et rappelons que manger des anguilles - quelque soit leur stade de développement - n'est pas éthique non plus puisque cette espèce est classée en «danger critique d'extinction» depuis plus de 10 ans maintenant, dernier stade du vivant avant la disparition définitive, et que sa situation ne s'arrange pas.


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