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Suite de la fable de l'anguille et du PCB ......

Suite à notre publication concernant l’anguille et les PCB, évoquons maintenant les poissons d’eau douce fortement bioaccumulateurs, à savoir le silure, le barbeau, la carpe, la brème et le gardon.

Pour ces espèces, les recommandations de l’ANSES sont différentes en fonction des régions et surtout des fleuves et rivières d’où ils proviennent. Ça en devient tellement compliqué que, même en connaissant les recommandations, on ne sait plus où donner de la tête !

Pour essayer de faire simple, il y a 2 situations, les zones définies par l’ANSES comme zones de préoccupation sanitaire (ZPS), qui correspondent aux zones de contamination forte, puis les zones de contamination moyenne et faible. Les ZPS sont les suivantes : le bassin Seine-Normandie, le bassin Rhône-Méditerranée-Corse, le bassin Loire-Bretagne et le bassin Artois-Picardie. Le détail des zones spécifiques est disponible en annexe.

Pour le cas des ZPS, les poissons fortement bioaccumulateurs présentent des concentrations supérieures ou égales à 250ng de PCB-NDL/g, valeur considérée par l'ANSES comme protectrice pour l'ensemble de la population, à condition de respecter ses recommandations de consommation de poisson, alors que la norme européenne de commercialisation est bien de 125ng/g...

L'ANSES émet la recommandation spécifique à ces zones de limiter la consommation de poisson à une fois tous les 2 mois, étant donné que le respect de cette recommandation permettrait d'écarter le risque, y compris chez les femmes en âge de procréer. Mais, encore une fois, comme dans le cas de l’anguille, qui est au courant de ces recommandations ?

C’est pourtant sur la base de celles-ci que la pêche professionnelle a pu reprendre son activité sur le Rhône en 2019 ! Dans le cas spécifique du silure, des analyses réalisées en 2016 par EPIDOR sur la rivière Dordogne (appartenant au bassin Adour-Garonne donc classée zone de contamination faible) montrent une très forte hétérogénéité de la concentration en PCB-NDL chez ce poisson.

En effet, sur les sujets testés, les résultats étaient conformes dans la chair du dos, mais de 7 à 16 fois supérieur à la norme de 125 ng/g dans la queue (entre 904 et 2017 ng/g !!).

À noter surtout que la concentration dans la queue est de 50 à 100 fois supérieure à celle du dos !! Et pour rappel, la queue du silure représente environ 2/3 de la longueur totale. On ne parle donc pas d’une partie négligeable, loin de là !!

Si de tels taux existent dans des zones où la contamination est réputée faible, jusqu’à quelle concentration peut-on monter dans les zones où elle est réputée forte ? Et pourtant, la commercialisation et la consommation du silure sont autorisées sur le Rhône par exemple, sans aucune préconisation particulière concernant la queue des silures.

Pour information, la queue du silure est très souvent utilisée pour la réalisation des rillettes, vendues à prix d’or (souvent autour de 70€/kg) !... Régalez-vous…


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